Dans la rubrique "page" vous trouverez un texte écrit par Thierry et que j'ai mis en page, d'après un châpitre des "Mémoires de François Cayol" Fils de Baptistin Marius Cayol et de Marie Larrose, marin comme son père et son grand-père, mais qui fit carrière dans la marine militaire et fut Enseigne de Vaisseau. Il cotoya le Général de Gaulle à Londres, et c'est cet épisode que nous relatons.
Il avait été chargé par l’Amiral Muselier (père de la Croix de Lorraine et, accessoirement, grand-père de Renaud Muselier), et par de Gaulle lui-même d’effectuer depuis Londres, des repérages dans la perspective d’un débarquement en Afrique française (et plus précisément au Sénégal).
Bab’s arriva à la conclusion que toute opération serait vouée à l’échec, comme il le raconte dans ses Mémoires.
Néanmoins, l’Amiral Muselier lui répondit : « je ne partage pas ta conclusion » (les deux hommes se tutoyaient malgré leurs grades respectifs, parce qu’ils étaient tous deux Marseillais). Il lui annonça qu’une opération était programmée sur Dakar.
Mais l’affaire ne se fit pas comme prévu, une brouille intervint entre De Gaulle et Muselier, et le Lieutenant de Vaisseau François Cayol se trouva propulsé au premier plan, directement rattaché à la personne du Général.
Tout se précipita soudain et le 31 août 1940, tout l’Etat-major de de Gaulle (et Bab’s, bien sûr) quitta Liverpool à bord de deux paquebots hollandais, malgré de terribles bombardements allemands. Les navires furent rejoints par plusieurs bâtiments militaires et civils. Destination : Dakar. L’opération « Menace » était lancée.
François restait sceptique quant au succès de l’opération, d’autant qu’elle était dirigée par de jeunes officiers.
Le 9 septembre, après une traversée sans histoires, la flotte alliée atteignait une position stratégique, à l’ouest du Détroit de Gibraltar, où elle était rejointe par le reste des bâtiments britanniques.
La flotte réunie prit officiellement le nom de Force M.
Le début de l’opération « Menace » était programmé pour le 14 septembre.
Le 12, le passage inopiné d’une division de croiseurs français dans la zone perturba le scénario, ce qui eut pour effet de provoquer la colère de de Gaulle.
La Force M fit cap sur Freetown, en Sierra Leone, et mouilla dans ce port le 14 septembre. C’était raté pour l’effet de surprise escompté. A Dakar, tout le monde était désormais au courant. Mais, plus ennuyeux, à Vichy et à Berlin aussi.
A terre, durant un séjour éprouvant, François ne lâchait pas De Gaulle d’une semelle. Il l’accompagnait dans ses inspections et servait d’intermédiaire avec les Anglais, que le futur Président de la République n’aimait pas beaucoup (et qui, il faut bien le dire, le lui rendaient bien).
Le 21 septembre, l’opération « Menace » put redémarrer
Le 23, la Force M était en vue de Dakar, grossie de trois nouveaux bâtiments britanniques. Les hélicoptères entrèrent en action, puis les avions, qui durent faire face à des tirs de DCA. Les navires furent également pris pour cible, tandis que De Gaulle lançait à la population sénégalaise (et donc française à l’époque) des appels au calme.
Moins conciliants et las de se faire tirer dessus, les Britanniques prirent l’initiative de riposter aux coups de boutoir de l’armée de Pétain, vraisemblablement appuyée par l’Afrikakorps allemand.
Face à la tournure que prenaient les événements, De Gaulle et les officiers alliés envisageaient de cesser le combat et de décrocher. Mais la réponse du Premier Ministre Anglais Winston Churchill fut sans ambiguïté : « Puisque nous avons commencé, continuez le combat ».
Bab’s, lui, observait et attendait.
Il n’attendit pas longtemps. Le 24 septembre à 1 heure, De Gaulle annonça qu’il se refusait à ce que des Français combattent d’autres Français et qu’il se retirait, laissant le soin aux forces britanniques de continuer si elles le souhaitaient.
Au soir de cette journée, De Gaulle posa la main sur l’épaule de son aide de camp et lui dit simplement « Ah, mon pauvre Cayol… »
Fin de l’aventure.
Pour Bab’s, l’opération « Menace » aurait peut-être réussi si De Gaulle s’était présenté seul devant Dakar. C’est la présence anglaise qui a tout fait capoter.
A sa retraite, François s’est installé avec sa femme Adrie et sa fille Françoise boulevard Rodocanachi, dans un superbe appartement des quartiers huppés de Marseille (dans mes souvenirs, le salon était immense...). C’est là que, traditionnellement, la famille Cayol au grand complet se retrouvait pour fêter la nouvelle année. Parallèlement, Bab’s avait acquis un confortable domaine à Cotignac, dans le Var, où il a été inhumé.
Texte de Thierry mis en page par Selma.
Selma Cayol